Fxmme et grand saut
La fin va vous étonner
Avec Our Millennials Today, on part à la rencontre d’étudiant·es et jeunes diplômé·es qui se sont jeté·es dans le grand bain du travail. On parle aussi éducation et orientation scolaire dans les Grandes Écoles. Athlète confirmé·e ou newbie en brassard, bienvenue 🎣
🐟 Avant le plongeon
« Être vulnérable, c'est une force, une puissance qui réveille ta rage de vivre. c'est fort d'être vulnérable parce que c'est interdit [...], se sentir vulnérable et [de] faire quelque chose qui a un sens c'est autre chose » Myriam Bahaffou - Un podcast à soi
Coucou toi, comment tu vas en ces jours pluvieux ? Avant toute chose, bienvenue aux nouvelles personnes qui nous ont rejoint depuis la dernière édition sur les biais cognitifs ! Moi c'est Apolline, fan de memes, paumée à temps plein et en fin d’études depuis 2 ans. Tu peux me rencontrer ici pour en savoir plus sur le projet.
Me voici de retour après un mois de février à la dérive – je vis sous une pile de retard accumulé. Pour remonter sur la bouée de l’orientation professionnelle en toute grâce, que dirais-tu d’une newsletter spéciale féminisme (you know what they say: « le 8 mars c'est toute l’année ») ?
En tant que femme sur le plongeoir, il m’arrive d’avoir la press’. Parfois, j’ai l’impression de porter dans mes brassards le poids des luttes de mes pairs. Je me dis que mon droit au travail est un privilège pour lequel des milliers de femmes se sont battues ces dernières générations… et qu’inconsciemment, la meilleure façon de les remercier est de me conformer gentiment au marché qui s’ouvre à moi. Mais en fait, qu’avons-nous gagné ? Le droit de s’élever socialement au niveau des hommes pour qui travailler est constitutif de leur identité. Mais endosser ce nouveau rôle ne nous retire pas l’ancien pour autant – la responsabilité du foyer. Ceci sous-entend qu’un jour, nous puissions potentiellement gérer d’une main de maîtresse les deux (de mon côté, c’est mal parti
).J’ai donc eu envie de creuser la question de la relation que pouvait entretenir féminisme et grand saut. Je te conseille de te munir d’une bonne combinaison pour tenir la distance : la séance est un peu longue. Fasten your bouée, we’re about to take off.
Ready, set, swim 🏊♀️
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🦀 Qu’en disent nos nageuses ?
Voici, en guise d’introduction, quelques témoignages recueillis auprès de nos nageuses sur suite à la question « As-tu eu l’impression que ton genre a influencé ton orientation professionnelle ? » :
« Oui, au sens où je me suis tournée vers un univers quasi exclusivement féminin »
« Oui, j’ai l’impression d’avoir une vision moins “conquérante” que les mecs. En tant que “fille” on m’a peut-être moins poussé à m’affirmer, à être plus “confiante”. C’est peut-être un mix entre ma personnalité et mon éducation - assez genrée : attention à ne pas prendre “trop” de place, à être trop expressive etc. Et instinctivement, j’associe la féminité au côté “artistique” – mon domaine premier. »
« Non, pas nécessairement, mais j’ai pris une voie plutôt “classique” en sortie d’études et mon industrie est assez mixte »
« Oui, j’ai toujours évolué dans un univers féminin, passé des entretiens avec des femmes. Je me sentirais un peu mal à l’aise dans un domaine plus masculin je pense »
« Pas vraiment, mais je me pose plus de questions maintenant que je suis dans le grand bain sur la manière dont on me considère et dont on interagit avec moi (et réciproquement). Pour info : j’évolue dans un milieu majoritairement masculin »
🦑 Vouloir arriver en bxmbe. Faire un plat
« Si on entend souvent parler des inégalités salariales, la mixité des genres selon les métiers ne fait pas autant de bruit. En 2018, une étude du Centre d’Information et Documentation Jeunesse (CIDJ) montrait que seuls 17% des métiers étaient mixtes. Une profession étant considérée comme mixte lorsque la part des hommes se situe entre 40 et 60% de l’effectif » Welcome to the Jungle
La vague prend
L’arrivée massive des femmes sur le marché du travail est, à l’échelle temporelle, relativement récente. Selon l’INSEE, « la situation relative des femmes s’est sensiblement améliorée au cours des trois dernières décennies ». De fait, le taux d’activité comme le niveau de diplôme des femmes sont en hausse depuis les années 60 et, au travail, « on observe que les positions de cadres et de professions intellectuelles supérieures sont de moins en moins réservées aux hommes ».
Si l’emploi féminin se vulgarise, l’onde a du mal à se propager côté mixité. Ainsi, on remarque que les femmes s’orientent majoritairement vers le tertiaire. Certains domaines comme celui des soins sont reconnus comme étant historiquement « féminins ». D’autres, comme celui de la finance ou de la tech restent encore fortement cloisonnés. Aujourd'hui, pas moins de 90% du personnel soignant est féminin ; et seules 7% de femmes sont présentes dans les comités de direction des grands groupes financiers cotés en 2018
.« Elles sont nettement moins représentées dans les fonctions finance, les directions technologiques et quasiment absentes des fonctions de directeur·rice général·e ou directeur·rice général·e délégué·e » Heidrick & Struggles (ça ne s’invente pas)
Le président de la séance dit : « En effet, il y a très peu de femmes » – à quoi je répondis : « En fait, ce n’est pas ça le problème ; c’est qu’il y a trop d’hommes. » Lilian Thuram
Un des premiers freins au moment de penser son plongeon est donc le manque de représentativité qui engendre un manque dans notre imaginaire commun. Plus voir une femme occuper un poste à haute responsabilité dans un domaine étant rare, plus il est dur de se projeter comme telle pour les jeunes filles ensuite. Une forme d’auto-censure peut même se mettre en place sous prétexte « que ce n’est pas un domaine fait pour les femmes ». Changer les trajectoires et briser le plafond de verre passe notamment par un travail sur les récits, l’apparition de nouveaux role models, et leur rencontre. Ces missions de sensibilisation figurent en tête de liste des réseaux comme Women in Game ou Women in Tech.
Sous l’océan, la jungle
Samedi dernier, j’ai plongé dans la piscine colorée de Join Lion brassards aux bras, tisane en main et voix du lever oblige. Outre la rencontre d’un sympathique banc de poissons-félins, la formation prévoit des temps en compagnie de maîtres-nageur·ses amphibies (passer de la jungle à la mer c’est pas tous les jours easy). Lors de notre premier échange au bord du bassin, le sujet de la diversité en startup est venu sur la table.
« 88 % des fondateurs de jeunes pousses qui ont déjà levé des fonds en Europe s'identifient comme « Blancs-Caucasiens, contre 4 % Asiatiques, et 2 % Noirs-Africains-Caribéens », selon un rapport d'Atomico » Les Échos
« La tech, c'est le royaume de l'homme blanc surdiplômé, urbain et issu d'un milieu social favorisé» La Tribune
Pour les nageur·ses les plus curieux·ses, Maddyness a écrit quelques articles sur cette thématique (ici et ici). Notre invité a reconnu que très souvent, les jeunes startups ont tendance à favoriser le recrutement de personnes qui leur ressemblent. Soit, des personnes qui partagent leurs codes, formations et réseau : un exemple parfait du biais de familiarité (je t’invite à lire cette édition dédiée aux biais cognitifs). Souhaiter minimiser les risques si l’on a l’opportunité de s’entourer de profils « rassurants » est tout à fait compréhensible. Oui mais voilà. Les fondateur·rices de startup sont bien plus souvent des EUR que HER. Dis toi qu’au rythme actuel, il faudrait attendre 2090
pour pouvoir atteindre la parité dans l’entrepreneuriat français (dément non ?).« Le problème se situe en amont. Le problème, c’est que quand un mec dit à ses potes “je vais créer ma startup”, on l’encourage. Si c’est une femme… ses potes lui disent “t’es dingue” et elle abandonne l’idée » Balthazar de Lavergne
Lorsque je travaillais chez makesense, on avait remarqué que, malgré l’écrasante majorité de femmes dans les programmes à destination des porteur·ses d’idée (70% de femmes par promotion environ pour le Sprint 👟), elles étaient beaucoup plus rares à se lancer ensuite.
Cet écart se distingue aussi lors des levées de fonds. Des startups ayant levé des fonds depuis 2008, seules 2% ont une direction 100% féminine
. En moyenne, une startup fondée par une femme a 30% moins de chance d’être soutenue par les fonds de capital-risque classique. Ainsi, aux États-Unis, des fonds d’investissement à destination des minorités sont nés pour soutenir celles et ceux pour qui le parcours de l’entrepreneuriat équivaut à celui d’un entraînement des SEALS – comme The W Funds. La même dynamique existe pour les communautés non-blanches, elles aussi victimes de discrimination. Ainsi, en 2020, un fond canadien appelé Black Opportunity Fund est né pour encourager les projets issus de la communauté noire.Tenter de réduire ces écarts de financement est une autre manière d’encourager l’émergence de nouveaux récits. Grâce à cela, la perspective d’explorer de nouvelles lignes de nage peut s’ouvrir au moment de penser son orientation.
L’intersectionnalité - en bande organisée c’est full sororité
« L’adjectif « mixte », issu du latin mixtus et du verbe miscere, mélanger, signifie « qui est formé de deux éléments de nature différente ». Si on ose les réunir, souhaite-t-on vraiment qu’ils deviennent égaux ? »
On ne va pas se le cacher, dans la vie, c’est comme dans l’eau, mieux vaut ne pas trop cumuler les désavantages pour flotter sereinement. Dans l’entrepreneuriat – comme en entreprise – pléthore d’autres biais discriminants existent. L’handicap, l’apparence physique ou l’origine n’en sont qu’un maigre exemple. J’aimerais donc rapidement faire escale sur le dernier.
Aujourd’hui, être une femme « de couleur » semble encore lester les ceintures à l’approche du plongeon. Choisir un domaine, une entreprise, revient donc – en creux – à choisir une gestion de la différence ainsi que son inclusion.
Je me souviens encore d’une discussion que j’avais eu pré-entrainement avec un·e nageur·se en RH. Celle-ci m’avait confié avoir reçu comme consignes de ne pas accepter les cvs de personnes « de couleur ». Cette anecdote n’est, je pense, pas unique dans l’océan d’expériences professionnelles. Certes, le milieu dans lequel iel travaillait est identifié comme étant traditionnellement peu mixte, mais cela montre qu’il persiste aujourd’hui de forts biais à ce sujet. Des créateur·rices de contenu comme Saha partagent ainsi leur vécu sur Instagram. Parmi ses histoires, elle nous partage notamment la manière dont elle pense son apparence pour se conformer au mieux aux standards en place et ainsi réussir ses entretiens – comme son intégration en entreprise ensuite.
« A skinny Black girl
Descended from slaves and raised by a single mother
Can dream of becoming president
Only to find herself reciting for one » Amanda Gorman
Quels sont les mécanismes qui engendrent ces autocensures ? ces discriminations ?
Tu t’en doutes, l’éducation entre en jeu, tout comme celle de la représentativité dont je te parlais il y a quelques instants. The Hill We Climb d’Amanda Gorman résume le sentiment d’espoir né dans le cœur de millions de jeunes Américain·es suite à la nomination de Kalama Harris. L’apparition soudaine d’une role model à leur image plante les graines d’un nouveau lendemain. Celui où des jeunes femmes, de toute origine, peuvent s’imaginer chausser les mêmes palmes que celle qui a juré abnégation à la Constitution américaine en janvier 2021. La première élection d’Obama avait elle aussi ouvert cette brèche, comme le raconte Michelle dans son livre Becoming
. Ces évolutions progressives de l’imaginaire collectif sont peut-être également un pas vers la diversification du paysage social… et donc professionnel !C’est notamment suite à ces “accumulations d’handicaps” au départ qu’est né le concept d’intersectionnalité pour permettre à toutes les voix/es de trouver mégaphone à son timbre.
« Créé par Kimberlé Crenshaw en 1991, le terme désigne la situation de personnes subissant simultanément plusieurs formes de domination ou de discrimination dans une société. L’intersectionnalité permet d’intégrer les différences entre les femmes [...] De nouvelles voix s’élèvent pour permettre à toutes les femmes de se reconnaître dans la lutte pour les égalités femmes / hommes et femmes / femmes » Les Glorieuses
L’intersectionnalité est le fait « d’appréhender « la réalité sociale des femmes et des hommes, ainsi que les dynamiques sociales, culturelles, économiques et politiques qui s’y rattachent comme étant multiples et déterminées simultanément et de façon interactive par plusieurs axes d’organisation sociale significatifs » Stasiulis
Réunir les luttes permet donc de donner plus de force à la vague en formation et penser de manière plus globale les questions d’inclusivité.
🦐 Équilibrer le partage des tâches : trop yol’eau ?
Considérer certaines lignes de nage passe certes par la représentativité, mais qu’en est-il de la question plus “privée” de l’éducation et de la gestion de nos vies privées ?
Started dans la pataugeoire now we here
À toi, nostalgique des cours de philo, ce paragraphe est pour toi
Platon dans sa République avait défini trois catégories de personnes, chacune pré-destinée à tenir un rôle dans la vie de la société… et donc éduqué·e comme tel·le (nul besoin d’inclusivité ici puisque les femmes, à l’époque, n’étaient pas considérées comme citoyennes à part entière). Cet apprentissage social commençait dès la plus tendre enfance. Les activités, jeux et objets donnés à chacun·e influence inconsciemment le développement du jeune enfant selon Sylvie Cromer
. La chercheuse souligne ainsi que les qualités mises en valeur pour les filles ont trait à l’échange, la douceur, et l’altruisme tandis qu’on valorise l’inventivité, l’émancipation et le risque chez les garçon.Ces différences expliquent en partie la division sociale du travail évoquée précédemment. L’évocation de la maternité dans les jeux à destination des jeunes filles prépare aussi à la potentialité d’avoir une carrière interrompue – ou du moins en dents de scie. À titre personnel, j’ai souvent le sentiment d’avoir appris que la « réussite » se situait d’abord dans la manière dont j’allais arriver à jongler entre mes « deux vies » (pro et privée). En ce sens, la première saison de The handmaid’s tale dépeint bien l’ambiguïté qu’il y a entre réussir « sa vie pro » et « réussir à être mère » aux yeux de la société.
Un déséquilibre pérenne
Ces inégalités relatives à une trajectoire professionnelle « en pointillés » se retrouve de l’autre côte du bassin. Au moment de rendre leur peignoir, les femmes demandent en moyenne, à liquider leur dossier – soit demander leur départ en retraite – deux ans après les hommes
. Et comme un brassard ne vient jamais seul : de par leur parcours et le·s métier·s exercé·s, les femmes touchent également une pension de 44% plus faible que les hommes. Enfin, au cours des accompagnements à la sortie de bassin chez Alphonse, nous avions remarqué que les préoccupations féminines et masculines varient à l’approche de la retraite. Si elles semblent plus attachées à la manière dont elles vont pouvoir (continuer à) concilier loisirs et vie personnelle, eux se concentrent sur la perception sociale de l’entourage qu’induit cette fin de carrière.Cela fait écho à l’épisode Vieilles et alors ? d’Un podcast à soi dans lequel Charlotte Bienaimé analyse les raisons sociales qui amènent une femme à camoufler son vécu – soit, sa vieillesse – tandis que celui de l’homme est toléré. Car celui-ci se définit par ses actes non son apparence.
Partager la charge mentale
Pour rappel, le travail domestique est en majorité effectué par les femmes (64%) et représenterait 33% du PIB s’il était rémunéré
. Et lorsqu’il est délégué, il l’est aux femmes.Dans mes ami·es, je remarque de plus en plus une approche différente de la carrière (et donc du grand saut). Pour eux, avoir des enfants ne semble pas avoir un impact conséquent sur la manière dont ils conçoivent leur trajectoire de vie et leur carrière. Pour elles, au contraire, le projet de maternité implique de calculer, d’évaluer le « meilleur moment » pour tomber enceinte dans l’espoir que cet arrêt ne les pénalise pas. Il est d’ailleurs fréquent qu’en entretien, la question familiale soit redoutée.
« C'est bien, mon congé maternité tombe à une période où il y a peu d’activité dans mon entreprise donc pas de stress » Une nageuse à l’abonnement pré-nat’
D’autres pensent la maternité comme une transition, l’opportunité de changer d'activité.
« Je me donne 2 ans pour avoir une “carrière” classique et une fois que je commencerai à avoir des enfants, je changerai pour une activité - entrepreneuriale ? - qui me permettra d’être plus flexible et concilier les deux » Une nageuse qui a effectué sa culbute plus tôt que prévu
D’autres, enfin, se sont résolues quant au sort qui les attend
« Si mon ex-conjoint avait été dans ma section, il serait mon n+8 aujourd’hui. De mon côté j’ai accepté ma placardisation depuis mon congé maternité. Je me dis que je travaille pour un salaire, c’est tout. Au départ, j’ai accepté, j’ai trouvé ça normal d’être mise à l’écart après mon retour. Alors que pas du tout. Je me suis rendue compte qu’il fallait corriger nos propres clichés. » Un podcast à soi
Dès le pédiluve, la charge mentale n’est pas répartie de la même manière. Pour l’anecdote, un·e nageur·se me racontait récemment qu'au moment de son plongeon en pleine crise sanitaire, des entreprises lui avaient refusé l’entrée dans leur bassin car iel
ne possédait pas la nationalité d’un pays européen. Dans ce contexte je n’ai aucun mal à imaginer qu’on nous demande bientôt d’inscrire sur nos cv le nombre d’enfants prévu pour les 5 prochaines années.👀 So what ?
« Il faut ré-interroger la norme partout et adopter une approche systémique [...] il faut travailler sur l'accès des femmes aux postes de décision, sur la mixité des métiers - qui ne le sont pas aujourd'hui -, sur la parentalité, les conditions de travail, l'organisation du temps... et sur tous les process RH qui valorisent aujourd'hui un modèle neutre d'être au travail - qui est en fait un modèle masculin : présentéisme absolu, linéarité des carrières, détection des hauts potentiels entre 25 et 35 ans qui est l'âge où les femmes font leurs enfants. » Brigitte Gresy pour Un podcast à soi
À toutes ces fois, où j’ai compris qu’être une femme au taf, c’était nager au milieu des sharks. À toutes ces fois où j’ai compris que, pour réussir (quelque soit la définition de ce terme), on attendait de moi que je me durcisse (« man up »), pour faire bouger les choses à mon échelle. Depuis mon entrée en école j’apprends qu'en tant que femme sur le marché du travail, je me dois de me blinder. De me préparer. À négocier mon salaire - certes. À gagner potentiellement moins que mes collègues masculins - pourquoi ? À devoir composer avec une forme de sexisme insidieux et ambigu. À devoir me battre, quotidiennement, pour justifier ma place et mes responsabilités dans un monde qui n'a pas été pensé pour mon genre. À toutes ces fois où suis allée au travail la boule au ventre, un pull informe enroulé au fond de mon sac pour l’enfiler, au bureau ; par peur des regards et remarques de mes collègues. À ces jours où, naïve, j’ai osé me demander si c’était « dans ma tête » ou si une ligne venait d’être franchie.
« En tant que femme, mon rêve, mon utopie, c'est un espace où on a pas besoin de s'endurcir » Myriam Bahaffou - Un podcast à soi
Je refuse de croire que demain, les femmes seront de retour au foyer, invisibilisées comme aux siècles derniers. Je refuse que les générations futures doivent faire face au même plafond de verre que nous. Croyons en notre force, élevons nos voix/es et donnons à voir nos expériences diverses pour inspirer nos futures collègues, élèves et ami·es.
Et à toi qui me lis, toi qui n’es ni femme ni [insérer la caractéristique de ton choix] ; toi aussi, tu peux nous aider à grandir. Remember this: « I believe it’s the responsibility of anyone on the privileged end of those inequalities to help make things right »
Tous ces éléments – maternité, carrière en pointillés, plafond de verre, discrimination à l’embauche, manque de représentativité etc. – participent à rendre le grand saut au féminin plus périlleux que prévu. C’est par nos efforts communs que l’on peut espérer continuer à progresser vers plus d’équité pour les années à venir.
Sororité & amour.
ps : que penses-tu de cette question femme x carrière ? Tu peux me répondre en commentaire ou par email je suis curieuse de te lire !
« Je me posais des questions comme : pourquoi accepter de travailler 80h/semaines même quand ça ne va pas ? »
La rencontre Au bord du bassin ne se lit pas, elle s’écoute – n’avais-je pas parlé de mon retard ? En vadrouille les palmes aux pieds, en s’étirant après une session intense ou en chillant sur son transat : tout est possible. Notre athlète du jour a déjà parcouru quelques miles dans le bassin de la paumitude dont elle s’est sortie par une pirouette. Habile mais vrai : elle a choisi la voie de maîtresse nageuse et nous en parle plus en détail.
Bonne écoute 🐋 (L’épisode est disponible sur toutes les plateformes de podcast et le compte-rendu est ici)
🛠 Quelques ressources avant de se quitter
👉 Mes notes de recherche pour cette édition si tu veux t’immerger dans cette thématique. Petit disclaimer cependant, elles sont aussi bien organisées qu’un local technique de piscine
👉 Adabot, le chatbot d’orientation numérique à destination des femmes développé par Social Builder. Par ici pour échanger avec lui et trouver bouée - virtuelle - à ta taille
👉 Sexisme ordinaire en milieu tempéré - Un podcast à soi animé par Charlotte Bienaimé. Accroche-toi, les témoignages sont glaçants
👉 Balance ton Stage ainsi que leur Petit manuel du sexisme en entreprise pour mieux comprendre et mieux appréhender le harcèlement sexuel
👉 Ma juste valeur pour parler égalité et négociation salariale
Ça t’a plu ? Fais passer le mot !
Tu veux jaser sur ton parcours pro / ton vécu en école ? Rendez-vous sur mon Linkedin, insta ou via mail (hello@thewhy.xyz)
Tu as un peu de temps pour me faire un retour sur mon travail et/ou un outil à me partager ? PLEASE DO, pour la prise de contact c’est au-dessus ☝️
À très vite pour un nouveau plongeon 🐋
Apolline
Vous pouvez aussi nous retrouver sur instagram : https://www.instagram.com/ourmillennialstoday/
Mais « moins et moins ça fait plus » tu connais
Sylvie Cromer (chap 23) dans Femmes, genre et société, Cairn, 2005
La pensée blanche, Lilian Thuram, 2020
Des pistes pour favoriser la diversité dans les start-up, Adrien Lelièvre pour Les Échos, 2020
L’entre-soi, un poison pour la tech française, Sylvain Rolland, 2019
Les startuppeuses n’ont levé que 2% des fonds depuis 2008, Camille Wong pour Les Échos Start, 2019
Par minorité j’entends tout groupe de population peu ou sous représenté dans l’écosystème startup
Femmes, genre et société, 2005
Tu peux aller faire un tour sur Recyclivre pour voir si le livre est en vente
L’intersectionnalité ne peut pas attendre ! , Les Glorieuses
Théorisations féminines de l’intersectionnalité, Sirma Bilge dans Diogène, 2009
Femmes, genre et société, Sylvie Cromer, 2005
Femmes, genre et société (chap 24), Carole Bonnet, 2005
Collectif T’as pensé à ?
Pronom a-genré pour désigner une personne
Kyle Dover, Privileged